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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/304

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encore des vieux qui barreront la route aux jeunes.

Non, rien d’éternel, rien de stable. Tout est vain (l’Écriture a déjà promulgué quelque chose de semblable). La vie est un défi à la logique (mais qui diable a dit cela ?). Et le plus curieux, le plus espatrouillant, si j’ose ainsi écrire, c’est qu’à chaque instant, il se rencontre des illuminés qui s’arrogent la mission spéciale, par privilège divin ou en vertu des commandements scientifiques, de bousculer l’ordre établi, de poursuivre le bonheur de leurs semblables, d’imposer leur conception particulière d’une justice illusoire et d’une vérité superficielle.

Allons ! l’expérience ugolinesque est concluante. Un coup de gomme sur les années effeuillées ! C’est fini, fini. Le petit vieux se tient là, recroquevillé sur sa couche. Une loque. Je le revois dans sa petite maison de Meudon, pérorant, expliquant, commentant, ricanant. Que reste-t-il de son génie brûlant ? J’ai, devant moi, un pauvre animal blessé à mort, aux paupières vides. Mais il faut croire qu’il n’a rien perdu de sa redoutable loquacité et de sa vaste intelligence. Écoutez-le.

— Mes amis, dit-il, mes seuls vrais amis, je succombe à la tâche. Je me suis trompé ? Tout est à recommencer. Certes, le principe que j’ai posé demeure dans toute sa rigueur. Le but de la nature ne peut être que l’éternisation et si la vie zigzague d’un individu à l’autre, en un fastidieux recommencement, c’est par une bévue de la nature. Seulement, il fallait trouver le véritable secret de l’immortalité et non point ce système de vain replâtrage auquel je me suis