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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/314

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étouffé les sons. Impossible de les dénicher. Et ils ont connu tout ce qui pouvait leur être utile pour obtenir leur revanche et asseoir leur avenir. Maintenant, ils sont en possession de tous leurs moyens. Ils peuvent s’annoncer. Le monde est à eux. C’est pourquoi j’ai autorisé Judith à parler.

Neer a fait un pas en avant et il interroge, brutal :

— Pourquoi préparer ainsi le lit des autres ?

— Pourquoi, riposte Ugolin, avec un léger ricanement, parce que je veux barrer la route à de présumés successeurs qui ne se serviraient de la toute-puissance acquise que pour des vues personnelles. Vous les connaissez, sapristi ! ces inféconds ambitieux. Ensuite, parce que je sais, sans erreur possible, que tous nous y passerons ; nous d’abord, les plus anciens ; vous après, les derniers venus dans l’Élite. L’éternisation a pour conclusion, une longue période de déchéance et la dissociation finale. Faut-il donc attendre que nous en soyons tous là ? Lutter ? Je ne puis plus. Tout serait à recommencer. La sagesse et la prudence commandent un mea culpa sérieux et suivi d’effet. Remettons la conduite de la guimbarde sociale entre des mains plus expertes.

Il s’enfonce, exténué, dans ses couvertures et d’une voix lointaine, affaiblie, il achève :

— Après tout, je ne me suis trompé qu’à moitié. Ma révolution laissera des traces. Toute révolution fiente ses ordures. Mais elle apporte de superbes floraisons. On prendra de nous tout ce qu’il y a à prendre sans tenir compte des excès inévitables : l’homme régénéré, affranchi des tares physiques, des em-