Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/315

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bûches matérielles, des routines déprimantes, des préjugés odieux, des passions basses… Et l’on aura surtout pesé la vanité humaine. Il ne faut pas trop taquiner le Diable. On peut ce qu’on peut. Voilà toujours une formule d’acquise.

Il toussote avec effort, se replie sur lui-même. Je l’entends à peine :

— Laissez-moi. Tout est à peu près dit. Les Jeunes vont venir, les vrais jeunes qui n’ont rien de notre sale passé en eux et que nous avons fabriqué selon nos rêves. Les jeunes, les jeunes, nos maîtres…

Il dit encore :

— Ah ! Quand j’étais vraiment jeune, j’aurais mangé le Monde.

Il nous montre la porte de l’index.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les Jeunes ! Les Jeunes ! Je viens à peine d’échapper à Ugolin, la tête bouillonnante, qu’un tumulte assourdissant m’accueille. Neer m’a suivi, le front barbouillé de plis têtus. Les routes bordées de maisons blanches et roses, d’ordinaire ouatées de silence, sont pleines de rumeurs. Des foules de neutrides se sont rassemblés. Déjà ? Neer me dit :

— Ils savent.

Ils savent et ils regardent en haut. Et dans le ciel très clair, voici qu’une flottille de vaisseaux se dessine. Ils descendent sur nous avec une rapidité vertigineuse. Soudain, un coup de tonnerre. Je frémis. Je reconnais ce bruit, oublié, lointain, d’un autre âge. Une détonation violente. Des explosions qui se répercutent. Des bombes. Ce sont des bombes. Les jeunes ont repris les