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Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/32

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ni les gestes menus de la disparue. Elle a, en elle, plus de majesté. Toute frivolité s’abolit en son corps rayonnant qu’auréolent les sensualités. Et puis…, la première, c’est tellement éloigné, tellement effacé là-bas… de l’autre côté de ma vie !… Seulement voilà, il y a, avec mille nuances, que seul, je puis percevoir, il y a — et cela ne me trompe point — les yeux, ces yeux sans réplique, ces yeux uniques qui, tant de fois, ont empli les miens de leur délire.

L’autre, voici plus d’un siècle et quart, recélait dans ses inexprimables yeux qui me hantent encore, ses yeux d’un bleu sombre, la même ironie troublante… la même que je vois brûler dans la flamme noire de Judith. J’éprouve le malaise d’autrefois et la même étincelle jaillit de ses regards, précipitant la cavalcade des désirs dans tout mon épiderme qu’électrise un long tressaillement. Je cède à l’appel irrésistible. Judith ? Juliette ? Je ne veux pas savoir. Je l’attire contre moi et, sous la légèreté soyeuse de l’ample robe qui la vêt, mes mains s’égarent. Je tiens sa gorge dans ma paume et la pétris lentement. Éloquence chaude des seins ! Elle a, d’un geste rapide, découvert sa chair qui implore, où mes lèvres promptes écrasent des baisers fiévreux. Mes doigts, frôlant la peau, descendent vers le sublime épanouissement des rotondités, rôdent autour de l’exquisité du nid où se cuisine le plaisir. Ils s’attardent, complaisants et savants, surexcitant ses convoitises, cependant que je guette, dans le noir des prunelles, le cri du désir, l’élan impétueux du rut souverain. Elle s’est dégagée d’un bond. Tout son corps féerique apparaît. Mon être vers elle se tend éperdument.

Ah ! la symphonie ardente de la sexualité ! Avec