Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/34

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débordements d’une bestialité aussi immonde qu’absurde.

Chaque fois, que, par-dessus le pont des âges, je risque un demi-tour en arrière, vers les temps de sauvage bêtise, je ne puis me défendre d’un sursaut d’horreur. J’ai pourtant vécu cela, moi. J’ai vu l’Amour bafoué, commercialisé, ravalé au-dessous de la honte… les hommes pourceaux et les femmes hystériques, les anormaux et les épuisés, les disciples d’Onan et les fidèles de Sodome, toute la lyre des dégénérescences, des lubricités maladives, des ardeurs vaines, des curiosités bêtes… Relâchement abject des instincts ! Relâchement des vulves et des sphincters ! Par là-dessus, les fléaux qui ravageaient le sang, tuaient la race, stimulaient les démences… Ah ! le joyeux siècle de pudibonderie odieuse, de vil mensonge, d’exécrable tartuferie où des êtres vivants, la chair torturée par les lances du désir, s’atrophiaient et s’anémiaient en des attouchements chimériques, dans l’enfer des illusions déprimantes et la renaissance toujours plus impérieuse des ardeurs inextinguibles.

Et l’enfant ?… le produit ?… il y avait aussi l’inévitable spermatozoïde en mal d’évolution. Dans les quartiers miséreux des grandes villes où grouillait le peuple du travail, toute une marmaille sordide, roulant dans les sentines, s’ébattait parmi la vermine. Cela grimpait et végétait au petit bonheur comme les herbes envahissantes des terrains pierreux. Cela sortait au hasard des fornications brutales — spasme fugace comme un hoquet chez l’homme, meurtrissure et lassitude chez la mère Gigogne. Les familles nombreuses, cependant, étaient données en exemple et la pondaison régulière et copieuse célébrée comme une vertu. Ah !