Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/71

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thétique savant pouvait bien avoir eu l’idée fantastique de se lancer à la conquête de la planète Mars. Notez qu’il n’y avait, dans cette suggestion, rien d’absolument invraisemblable. Les habitants de Mars, selon un historien anglais du nom de Wells, étant déjà venus occuper la Terre, il n’existait pas de raison sérieuse pour que les terriens ne leur rendissent leur politesse.

Le gouvernement, interpellé, déclara, au cours d’une orageuse séance, que tous les racontars des journaux ne correspondaient à rien ; qu’on se trouvait simplement en présence de cambrioleurs pourvus de certains moyens jusqu’alors ignorés ; que la police, d’ailleurs, était sur leur piste et qu’au surplus toutes les dispositions utiles seraient prises pour éviter le retour de semblables incidents (le ministre avait dit : incident, mais à l’Officiel, on lui substitua le terme : attentat).

Là-dessus, l’opinion se rassura. D’autant que les précautions annoncées parurent intéressantes. Un poste d’agents et de soldats fut établi devant chaque banque et des factionnaires s’installèrent, la nuit, à tous les coins du bâtiment. À l’intérieur on plaça, deux par deux, dans chaque salle, des policiers et des veilleurs. Dans de telles conditions il devenait évident, pour tout le monde, que les malfaiteurs ne pouvaient que renoncer.

Des semaines passèrent. De nouveau, l’oubli descendit sur ces « incidents », ainsi que disait le Président du Conseil. Le cadavre d’une femme, tenant entre ses doigts crispés la tête coupée d’un homme, happait l’attention passionnée du public. Puis l’on parla d’une Révolution sociale en Afghanistan ainsi que de la