Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/70

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— Quelle histoire ! Tonnerre de tonnerre ! Quelle histoire !

Le même soir, visite de Juliette. Je résistai à la tentation. Mon devoir, c’est-à-dire mon papier avant tout. Je ne pouvais raisonnablement laisser s’envoler cette occasion de me réhabiliter et il me fallait bien quelques heures pour réfléchir, combiner. Je me souviens nettement qu’à ce moment, la jeune femme, d’une voix nonchalante, me jeta :

— Es-tu bête. Si j’étais à ta place, je sais bien ce que je dirais.

J’esquissai un sourire assez prétentieux. Mais Juliette ne parut pas le remarquer. Elle poursuivit :

— Voyons, supposons que ton équipe de cambrioleurs soit dirigée par un homme de science, une sorte de génie aux conceptions audacieuses… il faut de l’argent, beaucoup d’argent à ce savant pour qu’il réussisse à se procurer la matière à expérience et se rapprocher de ses chimères… Tu vois ça d’ici ?…

Si je voyais ! J’écrivis sur ce thème, deux colonnes bien tassées. Mon savant devenait un chimiste doublé d’un sociologue, affranchi de toutes contraintes, planant sur toutes morales. Il s’assignait un but formidable. Peut-être le bonheur de l’Humanité ! Peut-être sa destruction ! En tout cas, il disposait de telles armes que pas une précaution ne devait être négligée… Les jours suivants j’agrémentai cette hypothèse d’interviews extirpées à des célébrités de la Sorbonne et de l’Institut Pasteur. Pour comble de bonheur, M. Cornemuse, membre de l’Académie des Sciences, m’adressa une longue lettre de laquelle il ressortait que l’hypo-