Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/79

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quement, sans laisser la moindre explication… Qu’a-t-il pu devenir ? Je crains un crime, un accident mortel, quelque catastrophe.

— Monsieur le curé, vous auriez tort de vous alarmer… Un vicaire n’en est pas moins un homme… Qui sait s’il n’y a pas, au fond de tout cela, simplement une fugue… une amourette… une petite aventure sentimentale…

Le curé Constant me jeta un regard courroucé.

— Je connais l’abbé Forel, prononça-t-il. C’était un esprit sévère, tout à ses devoirs religieux… Il avait dompté la chair… Les sortilèges de la femme ne pouvaient rien sur son âme. Je réponds de lui comme de moi-même.

Je m’inclinai, ne jugeant pas utile d’insister. Le curé reprit :

— L’abbé Forel m’a quitté, lundi, comme d’habitude, me disant qu’il allait faire un petit tour, avant dîner. Il aimait les promenades solitaires et les méditations. Le soir, à table, je ne me suis pas trop inquiété de son absence. Mais le lendemain, pas de nouvelles. J’ai fait une rapide enquête. Un paysan croit l’avoir aperçu dans une allée bordée de tilleuls et de marronniers qui conduit sur la route de Paris, derrière l’église. Mais il n’affirme rien. Et c’est tout. Je n’en sais pas davantage. La police prévenue a perquisitionné dans sa chambre. On n’a rien trouvé… que ses livres et une chronique non terminée pour la Gazette Religieuse. Monsieur, c’est effroyable que des hommes puissent ainsi disparaître. J’ai peur, monsieur… J’ai peur…

Je m’efforçai de rassurer le brave homme et m’en-