secoua d’un tremblement. Je la fouillai du regard. Dans ses yeux, une lueur trouble sautillait. Elle baissa les paupières.
Un petit silence gêné. Je rêvais à tout le mystère qui enveloppait cette affolante créature. Des soupçons encore imprécis m’assiégeaient. Elle questionna, inquiète :
— À quoi penses-tu donc ?
— Moi, dis-je, avec un effort, à rien… ou plutôt à des choses… Ces disparitions, en effet… c’est inouï…
Je parlais pour masquer mon embarras, semant des mots au hasard. Mais elle précisa :
— Ces disparitions, si on les joint aux cambriolages de ces derniers temps, peuvent parfaitement s’expliquer.
— Je ne vois pas très bien.
— Enfant ! Et ton savant, ton grand savant, chef de bande, qu’en fais-tu ?… Voyons, nous avions accepté comme très plausible que ce personnage, ayant besoin de beaucoup d’argent, recourût à des méthodes un peu particulières… Bon, maintenant le voilà en possession d’une fortune. Il va pouvoir se procurer les matériaux nécessaires. Mais qui te dit que ce type-là n’ait pas justement besoin de matière humaine ?
J’eus un sursaut.
— Quoi ? Pour ses expériences ?
— Et pourquoi pas ? S’il est bien tel que nous le concevions, une sorte de phénomène, de génie sans foi ni loi, traquant on ne sait quelle chimère, pourquoi n’opérerait-il pas sur de la chair vivante et palpitante ?