plutôt au-dessous de la moyenne. Les auteurs goûtés par son ami Callemin, tels que Le Dantec ou Stirner, lui apparaissaient hérissés de difficultés. Malgré tout, il s’acharnait à comprendre et à apprendre ; il y mettait même une ténacité touchante.
Il parlait avec peine, sans facilité, sans agrément mais toujours sur un ton d’extrême politesse. Autre détail curieux : son avarice atteignait de telles proportions qu’elle était devenue légendaire dans les milieux qu’il hantait.
Néanmoins, on connaissait et l’on citait de lui quelques traits admirables.
À l’époque où il travaillait à Bruxelles, Carouy subvenait, tant bien que mal, à ses besoins et à ceux de sa mère. Il était, alors, dévoré par l’idée fixe, persistante, d’acheter aux marchands des oiseaux que, trois secondes après, il laissait envoler, les rendant à la liberté. Le plus clair de ses économies se fondait à ce jeu.
Aux Assises, il apparut comme l’une des physionomies les plus énergiques et les plus captivantes. C’était un tempérament. Le procès terminé, dans l’isolement de sa cellule, il trouva le moyen, à deux pas de ses gardiens qui le surveillaient étroitement, de se donner la mort avec du cyanure de potassium. Comment se le procura-t-il ? On ne le sut jamais. Et il n’était pas le seul à posséder la drogue libératrice. Mais il fut le seul à oser s’en servir. Les autres attendirent.
Il disparut sans laisser une lettre, sans un mot,