Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/67

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dant du bruit chez son voisin, elle ouvrit la porte. Elle eut tout juste le temps de voir deux hommes qui descendaient péniblement l’escalier. Une ombre venait de se dresser, menaçante, devant elle. C’était un homme, plutôt petit, qui paraissait nerveux ; il avait du sang sur le bras droit. Il s’approcha de la femme et lui cria :

— Laisse-moi passer ou je te brûle.

Terrorisée, la femme Weynem se jeta de côté. Le bandit se précipita dans la salle à manger, puis de là, dans la chambre à coucher. La femme le suivit. Elle le vit qui examinait les lieux rapidement, et semblait mesurer la hauteur de la fenêtre qui donnait dans une cour voisine. À ce moment, il se tourna vers elle, le visage dur :

— Passe-moi des draps de lit.

La femme se mit à trembler.

— Je n’en ai pas…

Il haussa les épaules et, sans hésitation, enjamba la barre de la fenêtre et se laissa glisser. La pauvre femme le vit dans le jardin qui s’enfuyait. Il disparut. Il avait réussi, en effet, à gagner le sentier dit des Bassettes qui mène à la rue des Grands-Corps d’une part, et aux terrains vagues des fortifications d’autre part.

Cet homme à l’audace déconcertante, qui venait ainsi d’échapper, revolver au poing, aux trois policiers, ce ne pouvait être que Bonnot, le légendaire Bonnot, dont on n’avait point signalé, à Jouin, la présence chez le soldeur Gauzy. La femme Weynem déclara d’ailleurs, l’avoir