Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/81

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Mais la victime incontestable de cette inoubliable bataille, ce fut Dubois. Celui-là n’était pas un complice des bandits. C’était, seulement, un anarchiste qui avait consenti à hospitaliser Bonnot, traqué par la police et fuyant. Peut-être le connaissait-il et Bonnot lui avait-il fait des aveux ? Peut-être avait-il seulement soupçonné son identité. Mais il avait accepté de lui donner asile. Et quand il vit la police chez lui, plutôt que de trahir son hôte, il poussa des cris pour l’avertir et se fit tuer pour le défendre. De tels hommes sont rares. Et combien ce geste paraît-il préférable à celui d’un autre individu, considéré comme anarchiste, voisin de Dubois, dont le nom est heureusement pour lui, oublié aujourd’hui et qui n’hésita pas à fournir à la police la dynamite qui devait faire sauter la maison de son camarade.



On trouva dans la maison où Bonnot agonisait entre ses deux matelas, une feuille de papier qu’on désigna ensuite comme le « Testament de Bonnot ». L’écriture rapide, irrégulière, était tracée au crayon et, vers la fin, probablement au moment où les assaillants se rapprochaient, elle devenait illisible. On sentait que Bonnot, pressé d’en finir, soucieux de ne pas tomber vivant entre les mains de ses adversaires, s’était pressé et que sa main était devenue fébrile.

Voilà donc à quoi s’occupait ce singulier bandit