Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Grèce. J’espère que vous ne deviendrez jamais assez artiste pour avoir du plaisir à reconnaître qu’Homère était un grand peintre. Les dernières phrases de votre lettre sont pour moi autant d’énigmes. Vous me dites que vous ne m’écrirez plus jamais, ce qui serait fort mal ; d’ailleurs, je me soumets et vous n’aurez plus de moi que des compliments. Je crois vous en avoir adressé déjà plusieurs. Vous m’en demandez sans doute en me disant que vous n’avez ni cœur ni imagination ; à force de nier l’un et l’autre, de parti pris, cela peut porter malheur. Il ne faut pas jouer avec cela. Mais je crois que vous avez voulu faire un essai de votre figure de rhétorique sur moi. Heureusement, je sais à quoi m’en tenir.

Si vous avez quelque bonne pensée sur mon compte, écrivez-la-moi. Je suis encore pour une quinzaine de jours dans ce pays. Je voudrais vous dire un mot de la vie que je mène. Je cours les champs sans rencontrer autre chose que des pierres. Adieu. J’espère que vous me trouvez cette fois passablement résigné et convenable, signora Fornarina ?