Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/254

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nous avons eu des auto-da-fé, et les Espagnols n’en ont eu qu’après nous ! »

J’ai vu à Vienne, il y a quelques jours, une statue antique qui a bouleversé toutes mes idées sur la statuaire romaine. J’avais toujours vu le beau idéal de convention intervenir dans l’imitation de la nature. Là, c’est tout différent. Cette statue représente une grosse maman bien grasse, avec une gorge énorme un peu pendante et des plis de graisse le long des côtes, comme Rubens en donnait à ses nymphes. Tout cela est copié avec une fidélité surprenante à voir. Qu’en disent Messieurs de l’Académie ?

Adieu, voici l’heure de la poste. Écrivez-moi à Montpellier, puis à Carcassonne. J’espère que je ne serai pas trop longtemps sans aller chercher votre lettre, qui me rend toujours si heureux.

Adieu encore.

LXXXV

Toulon, 2 octobre.

J’ai été longtemps sans vous écrire, chère amie. Aussitôt que mon pied a été rendu à ses propor-