Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/76

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amis vient de m’en faire l’analyse. Figurez-vous un peu mon désappointement. J’ai passé bien du temps à penser à ce prétendu diamant et au bonheur de l’avoir trouvé.

Maintenant, il faut que je passe autant de temps (encore plus) à me persuader, que ce n’était qu’une pierre fausse.

Tout cela n’est qu’un apologue. J’ai dîné avant-hier avec le diamant faux et je lui ai fait une mine de chien. Quand je suis en colère, j’ai assez en main la figure de rhétorique appelée ironie, et j’ai fait au diamant un éloge de ses belles qualités le plus ampoulé que j’ai pu et avec un sang-froid bien glacial. Je ne sais, en vérité, pourquoi je vous dis tout cela ! surtout si nous allons nous oublier prochainement. En attendant, je vous aime toujours et je me recommande à vos prières, — angel in thy orisons, etc.

Vendredi prochain, votre dessin partira par un courrier et se trouvera sans doute dimanche à Londres. Vous pourrez l’envoyer réclamer mardi chez M. V…, Pall-Mall.

Excusez la démence de cette lettre, j’ai de tristes affaires en tête.