Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/79

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faire de questions (ce qui n’est pas naturel), à force de pousser, nous parvînmes à poser la pierre sur le haut du mur et nous nous apprêtions à la précipiter, lorsque le mur lui-même céda, s’écroula, et nous tombâmes tous les deux avec la pierre et les débris du mur. J’ignore la suite, car je me réveillai. Pour vous faire mieux comprendre la scène, je vous envoie un dessin. Je n’ai pu voir la figure du jardinier, dont j’enrage.

Vous êtes bien aimable, je vous le dis souvent depuis quelque temps. Vous êtes bien aimable d’avoir répondu à la question que je vous ai adressée dernièrement. Je n’ai pas besoin de vous dire que votre réponse m’a plu. Vous m’avez dit même, et peut-être involontairement, plusieurs choses qui m’ont fait plaisir, et surtout que le mari d’une femme qui vous ressemblerait vous inspirerait une véritable compassion. Je le crois sans beaucoup de peine, et j’ajoute qu’il n’y aurait personne de plus malheureux, si ce n’est un homme qui vous aimerait. Vous devez être froide et moqueuse dans vos mauvaises humeurs, avec une fierté insurmontable qui vous empêche de dire : « J’ai tort. » Ajoutez à cela l’énergie de votre caractère qui doit