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CCXXXI

Cannes, 28 décembre 1860.

Chère amie, je vous souhaite une bonne fin d’année et un meilleur commencement pour l’autre. Je vous remercie beaucoup pour la jolie bourse que vous m’avez envoyée. Bourse ai-je dit ? je ne sais pas trop ce que c’est, ni ce qu’on peut mettre dedans ; mais cela est très-joli, et la broderie en or, de couleurs différentes, est d’un goût exquis. Il n’y a que les barbares pour faire ces choses-là. Nos ouvriers ont trop d’art acquis et pas assez de sentiment pour faire rien de semblable. Je vous remercie des dattes et des bananes ; si j’étais à Paris, je ne dis pas, mais ici vous ne vous figurez pas avec quelle négligence les transports se font. J’ai attendu huit jours un pantalon, sauf le respect que je vous dois, qui de Marseille est allé à Nice, et Dieu sait où, avant de me par venir. Des objets à manger seraient encore plus exposés. Lorsque vous reviendrez, vous m’appor-