Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/153

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terez cela et nous le mangerons ensemble, et cela sera bien meilleur. Vous ne m’avez pas dit si vous aviez vu à Alger M. Feydeau. Je l’ai rencontré dans le chemin de fer venant d’Afrique, où il m’a dit qu’il était allé faire un roman. Vous m’aviez promis, bien que je n’en fasse plus, de recueillir pour moi des histoires et de vous informer de beaucoup de choses.

Vous vous êtes bornée à me donner des renseignements superficiels, sans même me dire ce que vous en pensiez. Y a-t-il à Alger des espèces de sacoches (elles viennent de Constantine, je crois) qui ressemblent à nos sabretaches et qui sont merveilleusement brodées ? Combien cela coûte-t-il, à peu près ? Je dis tout ce qu’il y a de plus beau. Nous sommes pleins d’Anglais et de Russes ici, les uns et les autres dans les qualités inférieures. Mon ami M. Ellice est à Nice, d’où il me fait des visites de temps en temps. Il se plaint de n’avoir pas de gens intellectuels avec qui causer. Vous avez eu, à ce que je vois, la visite de M. Cobden ; c’est un homme d’esprit très-intéressant, le contraire d’un Anglais, en ce sens qu’on ne lui entend jamais dire de lieux communs et