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CCXLIII

Paris, 21 août 1861.

Chère amie, je suis arrivé enfin, pas en trop bon état de conservation. Je ne sais si c’est pour avoir trop mangé de soupe à la tortue ou pour avoir trop couru au soleil, mais je suis repris de ces douleurs d’estomac qui m’avaient pendant assez longtemps laissé tranquille. Cela me prend le matin vers cinq heures et me dure une heure et demie. Je pense que, lorsqu’on est pendu, on souffre quelque chose de semblable. Cela ne me donne pas trop de goût pour la suspension ! J’ai trouvé ici plus de besogne que je n’en voudrais. Notre commission impériale de l’Exposition universelle est en travail d’enfantement ; nous faisons tous de la prose pour persuader aux gens qui ont des tableaux de nous les prêter pour les envoyer à Londres. Outre que la proposition est passablement indiscrète, il se trouve que la plupart des amateurs qui ont des collections sont des carlistes