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Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/187

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Le temps se passe ici, comme dans toutes les résidences impériales, à ne rien faire en attendant qu’on fasse quelque chose. Je travaille un peu ; je dessine de ma fenêtre et je me promène beaucoup. Il y a très-peu de monde à la villa Eugénie, et des gens de connaissance avec lesquels je me plais assez. Je trouve que le temps passe sans trop de peine, bien que les journées aient ici vingt-quatre heures comme à Paris.

 

Nous avons fait hier une promenade charmante le long des Pyrénées, assez près des montagnes pour les bien voir dans toute leur beauté, et pas assez près pour en avoir les inconvénients, de monter et descendre sans cesse. Nous nous sommes perdus et nous n’avons trouvé que des gens ignorant notre belle langue française. C’est ce qui arrive ici dès qu’on sort de la banlieue de Bayonne.

Le prince impérial donnait hier à dîner à toute une bande d’enfants. L’empereur leur a composé lui-même du vin de Champagne avec de l’eau de Seltz : mais l’effet a été le même que s’ils eussent bu du vin véritable. Ils étaient tous gris un quart d’heure après, et j’ai encore les oreilles malades