Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/214

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J’y ai résisté pourtant, et me suis contenté de prendre un bain de soleil à Marseille. Vous devinez peut-être les tracas dont je vous parlais tout à l’heure au retour de Biarritz. Tracas politiques, s’il vous plaît ; j’étais partagé entre le désir que j’avais de voir rester M. Fould au ministère, dans l’intérêt du maître, et le désir de le voir donner sa démission, dans l’intérêt de sa dignité et dans son intérêt personnel. Cela a fini par des concessions qui n’ont fait de bien à personne et qui me semblent avoir amoindri tout le monde. Le plus bouffon de l’affaire a été que Persigny, que tous les ministres non papalins ne peuvent souffrir, est devenu leur porte-drapeau, et qu’ils ont fait de sa conservation une condition pour garder leur portefeuille. Ainsi, on a destitué Thouvenel, qui était un très-bon garçon et intelligent, et on a gardé Persigny, qui est fou et qui n’entend rien aux affaires. Nous voici donc entre les pattes des cléricaux pour quelque temps, et vous savez où ils mènent leurs amis.

Vous me paraissez trop émue du discours de Victor Hugo. Ce sont des mots sans idées ; quelque chose comme les Orientales en prose. Je vous