Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/227

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font les honnêtes gens. Quant à Rome, je suis très hors d’état de vous donner des conseils, car il y a très-longtemps que je n’y suis allé. Je vous ferai seulement les deux recommandations suivantes : d’abord de ne pas être à l’air au moment de la chute du jour, parce que vous pourriez fort bien attraper la fièvre. Il faut se faire conduire un quart d’heure avant l’Angélus à Saint-Pierre, et attendre que l’étrange précipité humide qui se fait dans l’atmosphère à cette heure-là soit passé. Il n’y a rien, d’ailleurs, de plus beau pour la rêverie que cette grande église à la chute du jour. Elle est sublime en vérité, lorsqu’on n’y voit rien distinctement. Pensez-y à moi. Ma seconde recommandation, c’est, s’il fait un jour de pluie, de l’employer à voir les Catacombes. Quand vous y serez, allez-vous-en dans un de ces petits corridors donnant dans les rues souterraines ; éteignez votre bougie et restez seule trois ou quatre minutes. Vous me direz les sensations que vous aurez éprouvées. J’aurais du plaisir à faire l’expérience avec vous ; mais alors vous ne sentiriez peut-être pas la même chose. Il ne m’est jamais arrivé à Rome de voir ce que je m’étais proposé de voir, parce que,