Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/228

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à chaque coin de rue, on est attiré par quelque chose d’imprévu, et c’est le grand bonheur de se laisser aller à cette sensation. Je vous engage encore à ne pas trop vous livrer à la visite des palais, qui sont pour la plupart un peu surfaits. Occupez-vous surtout des fresques en fait d’objets d’art, et des vues en fait de nature mêlée d’art. Je vous recommande la vue de Rome et de ses environs prise de Saint-Pierre in Montorio. Il y a là aussi une très-belle fresque du Vatican. Faites-vous montrer au Capitole la louve de la République, qui porte la trace de la foudre qui l’a frappée du temps de Cicéron. Ce n’est pas d’hier. Croyez que vous ne pourrez pas voir la centième partie de ce que vous devriez voir dans le peu de temps que vous pouvez consacrer à votre voyage, mais qu’il ne faut pas trop le regretter. Il vous restera un grand souvenir d’ensemble qui vaut mieux qu’une foule de petits souvenirs de détail. — Je me sens infiniment mieux portant et je regrette bien votre départ. Je vous dirai, d’ailleurs, comme votre sœur, que vous avez bien fait de profiter de l’occasion pour voir Rome. Reste la question des dédommagements que je vous prie de ne pas perdre de vue.