Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/320

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trouver un euphémisme pour expliquer au lecteur en quoi Mentchikof se rendait agréable à Pierre le Grand, vous me rendriez service. Lisez encore, dans la Revue des Deux Mondes, l’article de M. Collin, sur les associations ouvrières (il est de M. Libri), et une lettre de M. d’Haussonville au prince Napoléon, très-propre à lui faire perdre le goût de la polémique dans les journaux. Sainte-Beuve est toujours assez malade. Il a autour de lui une grande quantité de femmes, comme le sultan Saladin. Vous ne me ferez pas croire que vous ayez à *** un autre temps que celui que nous avons ici, c’est-à-dire des rafales de pluie et de vent continuelles. Quand revenez-vous ? J’aurais grand besoin de vous pour me raconter des histoires et me faire prendre mes maux en patience, chose bien difficile. J’ai lu, l’autre nuit, quand je ne respirais plus guère, les Propos de table de Luther. Ce gros homme me plaît avec tous ses préjugés et sa haine pour le diable.

Adieu, chère amie.