Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/380

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patraque au dernier point ; cependant, mes médecins disent que je suis mieux, mais je ne m’en aperçois guère. Je n’ai point envoyé chez vous les livres, craignant qu’il n’y eût personne pour les recevoir.

Adieu encore ; je vous embrasse de cœur.

CCCXXX

Paris, mardi 9 août 1870.

Chère amie, je pense que vous ferez bien de ne pas venir à Paris en ce moment ; je crains qu’il n’y ait sous peu de tristes scènes. On ne voit que des gens abattus ou des ivrognes qui chantent la Marseillaise. Grand désordre partout ! L’armée a été et est admirable ; mais il paraît que nous n’avons pas de généraux. Tout peut encore se réparer ; mais, pour cela, il faut presque un miracle.

Je ne suis pas plus mal, seulement accablé de cette situation. Je vous écris du Luxembourg, où nous ne faisons qu’échanger des espérances et des craintes. Donnez-moi de vos nouvelles. Adieu.