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CCCXXXI

Paris, 29 août 1870.

Chère amie, merci de votre lettre. Je suis toujours très-souffrant et très-nerveux. On le serait à moins ; je vois les choses en noir. Depuis quelques jours, cependant, elles se sont un peu améliorées. Les militaires montrent de la confiance. Les soldats et les gardes mobiles se battent parfaitement ; il paraît que l’armée du maréchal Bazaine a fait des prodiges, bien qu’elle se soit toujours battue un contre trois. Maintenant, demain, aujourd’hui peut-être, on croit à une nouvelle grande bataille. Ces dernières affaires ont été épouvantables. Les Prussiens font la guerre à coups d’hommes. Jusqu’à présent, cela leur a réussi ; mais il paraît qu’autour de Metz, le carnage a été tel, que cela leur a donné beaucoup à penser. On dit que les demoiselles de Berlin ont perdu tous leurs valseurs. Si nous pouvons reconduire le reste à la frontière, ou les enterrer chez