Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/382

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nous, ce qui vaudrait mieux, nous ne serons pas au bout de nos misères. Cette terrible boucherie, il ne faut pas se le dissimuler, n’est qu’un prologue à une tragédie dont le diable seul sait le dénoûment. Une nation n’est pas impunément remuée comme a été la nôtre. Il est impossible que de notre victoire comme de notre défaite ne sorte une révolution. Tout le sang qui a coulé ou coulera est au profit de la République, c’est-à-dire du désordre organisé.

Adieu, chère amie ; restez à P..., vous y êtes très-bien. Ici, nous sommes encore très-tranquilles ; nous attendons les Prussiens avec beaucoup de sang-froid ; mais le diable n’y perdra rien. Adieu encore

CCCXXXII

Cannes, 23 septembre 1870[1].

Chère amie, je suis bien malade, si malade, que c’est une rude affaire d’écrire. Il y a un peu

  1. Dernière lettre, écrite deux heures avant sa mort.