Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/60

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mille volontaires. Tenez ces chiffres pour certains. Les Autrichiens se retirent et les paris sont ouverts sur la question de savoir s’ils livreront bataille avant de lâcher Milan, ou s’ils iront tout d’une traite se concentrer dans le triangle formé par Mantoue, Vérone et Peschiera. Nos officiers se louent beaucoup de l’accueil qu’on leur fait. L’Allemagne hurle contre nous. C’est un mouvement comme en 1813. Les uns disent que c’est de la haine de bon aloi, d’autres qu’il y a là-dessous une certaine quantité de libéralisme rouge qui prend aujourd’hui la forme teutonique. Les Russes font de grands armements, qui donnent à réfléchir à tout le monde. Il y a une grande-duchesse Catherine qui vient faire une visite à l’impératrice : dans cela, il y a du bon et du mal. La Russie est un allié terrible qui mangerait bien l’Allemagne, mais qui nous procurerait l’inimitié et peut-être l’hostilité de l’Angleterre. Nous avons si longtemps vécu d’une vie de sybarites, que nous avons désappris les émotions de nos pères. Il faudra en revenir à leur philosophie. On dansait à Paris tandis qu’on se battait en Allemagne, et cela a duré plus de vingt ans ! Main-