Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/80

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petite affaire dans une ville comme celle que je viens de quitter. En outre, comme il fallait loger huit personnes, j’ai dû quitter ma chambre ainsi que le fils de la maison, et aller à l’auberge. Au milieu de tout cet auguste tracas, il m’eût été impossible de trouver du papier et une plume dans la maison. Je suis parti le 13 pour aller coucher à Bordeaux et je suis arrivé ici hier au soir, sans autre encombre que d’avoir perdu mes clefs, ce qui, parmi les petites misères, est une des plus considérables. Il me reste l’espoir de les retrouver ou celui de trouver des serruriers. Quant à mon voyage en Espagne, je suis aux ordres d’un de mes amis qui part avec moi. C’est un membre des Cortès, et son établissement s’ouvre le 1er octobre ; très-probablement nous partirons le 25 : je ne sais pas son dernier mot. Nous prendrons le train de Marseille pour aller par mer à Alicante.

Ce petit voyage aux Pyrénées m’a fait du bien. J’ai pris un bain à Bagnères, qui m’a remis pendant deux jours dans un calme de nerfs extraordinaire et que, depuis vingt ans, je ne connaissais plus. Le médecin que j’ai trouvé là est un de mes