fait un cierge, parce que ma mère disait que, lorsqu’on fait un cierge à Saint-Roch, on ne manque jamais dans la huitaine de trouver un homme pour se mettre avec lui… Mais je suis devenue laide, j’ai l’air d’une momie… personne ne voudrait plus de moi… Eh bien, il n’y a plus qu’à mourir. Déjà c’est à moitié fait !
Tout cela était dit très-rapidement, d’une voix entrecoupée par les sanglots, et d’un ton de frénétique qui inspirait à madame de Piennes encore plus d’effroi que d’horreur. Involontairement elle éloigna sa chaise du lit de la malade. Peut-être même aurait-elle quitté la chambre, si l’humanité, plus forte que son dégoût auprès de cette femme perdue, ne lui eût reproché de la laisser seule dans un moment où elle était en proie au plus violent désespoir. Il y eut un moment de silence ; puis madame de Piennes, les yeux baissés, murmura faiblement :
— Votre mère ! malheureuse ! Qu’osez-vous dire ?
— Oh ! ma mère était comme toutes les mères… toutes les mères à nous… Elle avait fait vivre la sienne… je l’ai fait vivre aussi… Heureusement que je n’ai pas d’enfant. — Je vois bien, madame, que je vous fais peur… mais que voulez-vous ?… Vous avez été bien élevée, vous n’avez jamais pâti. Quand on est riche, il