Page:Mérimée - Carmen.djvu/151

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tures ridicules qu’une personne moins raisonnable aurait pu former sur le bonnet de travers de mademoiselle Joséphine. En approchant du salon, elle fut un peu choquée d’entendre une belle voix de basse qui chantait gaiement, en s’accompagnant sur le piano, cette barcarolle napolitaine :

Addio, Teresa,
Teresa, addio !
Al mio ritorno,
Ti sposerò.

Elle ouvrit la porte et interrompit le chanteur en lui tendant la main :

— Mon pauvre monsieur Max, que j’ai de plaisir à vous revoir !

Max se leva précipitamment et lui serra la main en la regardant d’un air effaré, sans pouvoir trouver une parole.

— J’ai bien regretté, continua madame de Piennes, de ne pouvoir aller à Rome lorsque votre bonne tante est tombée malade. Je sais les soins dont vous l’avez entourée, et je vous remercie bien du dernier souvenir d’elle que vous m’avez envoyé.

La figure de Max, naturellement gaie, pour ne pas