Page:Mérimée - Carmen.djvu/162

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ques mots inintelligibles et s’efforça de détourner l’attention de madame de Piennes.

La première pensée de celle-ci avait été que le portefeuille renfermait le portrait de quelque belle Italienne ; mais le trouble évident de Max et la couleur générale de la miniature, — c’était tout ce qu’elle en avait pu voir, — avaient bientôt éveillé chez elle un autre soupçon. Autrefois elle avait donné son portrait à madame Aubrée ; et elle s’imagina que Max, en sa qualité d’héritier direct, s’était cru le droit de se l’approprier. Cela lui parut une énorme inconvenance. Cependant elle n’en marqua rien d’abord ; mais lorsque M. de Salligny allait se retirer : — À propos, lui dit-elle, votre tante avait un portrait de moi, que je voudrais bien revoir.

— Je ne sais… quel portrait ?… comment était-il ? demanda Max d’une voix mal assurée.

Cette fois, madame de Piennes était déterminée à ne pas s’apercevoir qu’il mentait.

— Cherchez-le, lui dit-elle le plus naturellement qu’elle put. Vous me ferez plaisir.

N’était le portrait, elle était assez contente de la docilité de Max, et se promettait bien de sauver encore une brebis égarée.

Le lendemain, Max avait retrouvé le portrait et le