Page:Mérimée - Carmen.djvu/172

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la malade rappelèrent à madame de Piennes qu’elle en avait assez fait. Elle pressa la main d’Arsène, et lui dit en la quittant : Du courage, ma fille, et Dieu ne vous abandonnera pas.

Elle venait d’accomplir un devoir, il lui en restait un second encore plus difficile. Un autre coupable l’attendait, dont elle devait ouvrir l’âme au repentir ; et malgré la confiance qu’elle puisait dans son zèle pieux, malgré l’empire qu’elle exerçait sur Max, et dont elle avait déjà des preuves, enfin, malgré la bonne opinion qu’elle conservait au fond du cœur à l’égard de ce libertin, elle éprouvait une étrange anxiété en pensant au combat qu’elle allait engager. Avant de commencer cette terrible lutte, elle voulut reprendre des forces, et, entrant dans une église, elle demanda à Dieu de nouvelles inspirations pour défendre sa cause.

Lorsqu’elle rentra chez elle, on lui dit que M. de Salligny était au salon, et l’attendait, depuis assez longtemps. Elle le trouva pâle, agité, rempli d’inquiétude. Ils s’assirent. Max n’osait ouvrir la bouche ; et madame de Piennes, émue elle-même sans en savoir positivement la cause, demeura quelque temps sans parler et ne le regardant qu’à la dérobée. Enfin elle commença :