Page:Mérimée - Carmen.djvu/174

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aimer une personne de cette classe… Je crois qu’elle a eu pour moi un peu plus d’attachement que pour un autre… Mais depuis longtemps toutes relations avaient cessé entre nous, et sans qu’elle en eût témoigné beaucoup de regret. La dernière fois que j’ai reçu de ses nouvelles, je lui ai fait tenir de l’argent ; mais elle n’a pas d’ordre… Elle a eu honte de m’en demander encore, car elle a son orgueil à elle… La misère l’a poussée à cette terrible résolution… J’en suis désolé… Mais je vous le répète, madame, dans tout cela je n’ai aucun reproche à me faire.

Madame de Piennes chiffonna quelque ouvrage sur sa table, puis elle reprit :

— Sans doute, dans les idées du monde, vous n’êtes pas coupable, vous n’avez pas encouru de responsabilité ; mais il y a une autre morale que celle du monde, Max, et c’est par ses règles que j’aimerais à vous voir vous guider… Maintenant peut-être vous n’êtes pas en état de m’entendre. Laissons cela. Aujourd’hui, ce que j’ai à vous demander, c’est une promesse que vous ne me refuserez pas, j’en suis sûre. Cette malheureuse fille est touchée de repentir. Elle a écouté avec respect les conseils d’un vénérable ecclésiastique qui l’a bien voulu voir. Nous avons tout lieu d’espérer d’elle. — Vous,