Page:Mérimée - Carmen.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

femmes, et cela revient au même ; car les femmes à mon sens, veulent toujours le bien.

Vous me rappelez à mon récit. Le lendemain donc, madame de Piennes alla chez sa protégée, qu’elle trouva bien faible, bien abattue, mais pourtant plus calme et plus résignée qu’elle ne l’espérait. Elle reparla de M. de Salligny, mais avec plus de ménagement que la veille. Arsène, à la vérité, devait absolument renoncer à lui, et n’y penser que pour déplorer leur commun aveuglement. Elle devait encore, et c’était une partie de sa pénitence, elle devait montrer son repentir à Max lui-même, lui donner un exemple en changeant de vie, et lui assurer pour l’avenir la paix de conscience dont elle jouissait elle-même. À ces exhortations toutes chrétiennes, madame de Piennes ne négligea pas de joindre quelques arguments mondains : celui-ci, par exemple, qu’Arsène, aimant véritablement M. de Salligny, devait désirer son bien avant tout, et que, par son changement de conduite, elle mériterait l’estime d’un homme qui n’avait pu encore la lui accorder réellement.

Tout ce qu’il y avait de sévère et de triste dans ce discours s’effaça soudain lorsqu’en terminant madame de Piennes lui annonça qu’elle reverrait Max, et qu’il allait venir. À la vive rougeur qui anima subitement