Aller au contenu

Page:Mérimée - Carmen.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

contente d’avoir montré peut-être quelque affectation à ne pas accepter tout d’abord cette bagatelle. — Quel mal peut-il y avoir à cela ? pensait-elle. Mais il y avait déjà du mal à se faire cette simple question.

Sans en être prié, Max la suivit chez elle. Ils s’assirent, et, détournant les yeux l’un et l’autre, ils demeurèrent en silence assez longtemps pour en être embarrassés.

— Cette pauvre fille, dit enfin madame de Piennes, m’afflige profondément. Il n’y a plus d’espoir, à ce qu’il paraît.

— Vous avez vu le médecin ? demanda Max ; que dit-il ?

Madame de Piennes secoua la tête : — Elle n’a plus que bien peu de jours à passer dans ce monde. Ce matin, on l’a administrée.

— Sa figure faisait mal à voir, dit Max en s’avançant dans l’embrasure d’une fenêtre, probablement pour cacher son émotion.

— Sans doute il est cruel de mourir à son âge, reprit gravement madame de Piennes ; mais si elle eût vécu davantage, qui sait si ce n’eût point été un malheur pour elle ?… En la sauvant d’une mort désespérée, la Providence a voulu lui donner le temps de se repentir…