Page:Mérimée - Carmen.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nissant, aide-moi à me lever. Lisanka, où est ma tabatière ? — Et, suivie de ses trois femmes de chambre, elle passa derrière un grand paravent pour achever sa toilette. Tomski demeurait en tête-à-téte avec la demoiselle de compagnie.

— Quel est ce monsieur que vous voulez présenter à madame ? demanda à voix basse Lisabeta Ivanovna.

— Naroumof. Vous le connaissez ?

— Non. Est-il militaire ?

— Oui.

— Dans le génie ?

— Non, dans les chevaliers-gardes. Pourquoi donc croyiez-vous qu’il était dans le génie ?

La demoiselle de compagnie sourit, mais ne répondit pas.

— Paul ! cria la comtesse de derrière son paravent, envoie-moi un roman nouveau, n’importe quoi ; seulement, vois-tu, pas dans le goût d’aujourd’hui.

— Comment vous le faut-il, grand’maman ?

— Un roman où le héros n’étrangle ni père ni mère, et où il n’y ait pas de noyés. Rien ne me fait plus de peur que les noyés.

— Où trouver à présent un roman de cette espèce ? En voudriez-vous un russe ?