Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/141

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gien qui examinera les cadavres et vérifiera si les blessures ont été faites avec l’arme en question.

— C’est moi qui l’ai donnée à Orso, dit le colonel, et je voudrais la savoir au fond de la mer… C’est-à-dire… le brave garçon ! je suis bien aise qu’il l’ait eue entre les mains ; car, sans mon Manton, je ne sais trop comment il s’en serait tiré.

XIX.

Le chirurgien arriva un peu tard. Il avait eu son aventure sur la route. Rencontré par Giocanto Castriconi, il avait été sommé avec la plus grande politesse de venir donner ses soins à un homme blessé. On l’avait conduit auprès d’Orso, et il avait mis le premier appareil à sa blessure. Ensuite le bandit l’avait reconduit assez loin, et l’avait fort édifié en lui parlant des plus fameux professeurs de Pise, qui, disait-il, étaient ses intimes amis.

— Docteur, dit le théologien en le quittant, vous m’avez inspiré trop d’estime pour que je croie nécessaire de vous rappeler qu’un médecin doit être aussi discret qu’un confesseur. — Et il faisait jouer la batterie de son fusil. — Vous avez oublié le lieu où nous avons eu l’honneur de nous voir. Adieu, enchanté d’avoir fait votre connaissance.

Colomba supplia le colonel d’assister à l’autopsie des cadavres.

— Vous connaissez mieux que personne le fusil de mon frère, dit-elle, et votre présence sera fort utile. D’ailleurs il y a tant de méchantes gens ici que nous courrions de grands risques si nous n’avions personne pour défendre nos intérêts.

Restée seule avec miss Lydia, elle se plaignit d’un grand mal de tête, et lui proposa une promenade à quelques pas