Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/396

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La comtesse. Nous attendons aujourd’hui même ces amis, ces fidèles dont je vous ai parlé. Ce sont les hommes les plus influents du pays. Le but de notre réunion, c’est de former une association dont l’objet… oui, une association qui s’occupera… comme cela… une association en opposition avec le gouvernement impérial, et qui saisira la première occasion de le renverser.

Édouard. Quand on renversera ce gouvernement-là, il faudra donner un fier coup d’épaule.

La comtesse. Soyez persuadé que nous avons de puissants moyens à notre disposition. Je vous expliquerai tout cela plus en détail pendant le séjour que vous allez faire au château. Aujourd’hui nous ne nous occuperons qu’à former, qu’à constituer notre association, notre société secrète…

Édouard. Oh ! dites notre conjuration ; ce mot est bien plus joli.

La comtesse. Nous réglerons certaines formalités indispensables ; enfin vous verrez…

Édouard. Suffit que vous y soyez, cousine, pour que je m’y amuse.

La comtesse. Vous m’avez donné votre foi, Édouard, je compte sur vous. Voyons, mettez votre main dans la mienne… Édouard, Édouard, finissez ; ce que nous faisons est très-sérieux… N’est-ce pas que vous jurez d’être fidèle à notre belle cause ?

Édouard. Oui, ma cousine, je vous le jure.

La comtesse. Bien, bon jeune homme ! — Répétez avec moi ce cri avec lequel vos aïeux marchaient autrefois à la victoire : Vive le roi !

Édouard. Vive le roi !

La comtesse, battant des mains. Il est à nous ! il est à nous !