redingote : mais il se rassure un peu, et sourit même en remarquant une jeune Andalouse, sa compagne de voyage, qui baise dévotement son pouce en soupirant : « Jésus, Jésus ! » (On sait que ceux qui baisent leur pouce après avoir fait le signe de la croix ne manquent pas de s’en trouver bien.)
La nuit est tout à fait venue ; mais heureusement la lune se lève brillante sur un ciel sans nuages. On commence à découvrir de loin l’entrée d’une gorge affreuse qui n’a pas moins d’une demi-lieue de longueur. — « Mayoral, est-ce là l’endroit où l’on a déjà arrêté la diligence ? »
— « Oui, monsieur, et tué un voyageur. » — « Postillon, » poursuit le mayoral, « ne fais pas claquer ton fouet, de peur de les avertir. »
— « Qui ? » demande le voyageur.
— « Les voleurs, » répond le mayoral.
— « Diable ! » s’écrie le voyageur.
— « Monsieur, regardez donc là-bas, au tournant de la route… Ne sont-ce pas des hommes ? ils se cachent dans l’ombre de ce grand rocher. »
— « Oui, madame ; un, deux, trois, six hommes à cheval ! »
— « Ah ! Jésus, Jésus !… » (Signe de croix et baisement de pouce.)
— « Mayoral, voyez-vous là-bas ? »
— « Oui. »
— « En voici un qui tient un grand bâton, peut-être un fusil ? »
— « C’est un fusil. »
— « Croyez-vous que ce soient de bonnes gens (buena gente) ? » demande avec anxiété la jeune Andalouse.
— « Qui sait ! » répond le mayoral en haussant les épaules et abaissant les coins de sa bouche.
— « Alors, que Dieu nous pardonne à tous ! » et elle