quoi pas moi, de par tous les diables ! Ne suis-je pas un voyageur comme eux ?
Pardonnez-moi, ce n’est pas la même chose.
Pourquoi donc ?
Mais la différence… Eux, Monsieur… les autres voyageurs paient.
Imbécile, je ne veux pas disputer avec toi. (Il se met à manger la soupe.) Qu’est-ce que cela ? De la soupe ! C’est de l’eau que tu as versée dans la soupière… ça ne sent rien… c’est de la lavasse infecte… Je ne mange pas de cela, donne-moi d’autre soupe.
Je vais l’emporter. Dame, monsieur dit que si vous n’en voulez pas, vous la laissiez.
Laisse… laisse cela, imbécile… Tu es habitué à faire aller le monde ici… mais moi je n’aime pas les plaisanteries… ne t’y frotte pas… (Il mange.) Ah ! grand Dieu ! quelle soupe ! (Il mange toujours.) Je suis sûr qu’il n’y a pas un homme au monde qui en ait mangé de pareille… De la graisse… et des plumes à la nage. (Il découpe une poule.) Ah ! quelle poule !… donne-moi le rôti. Osip, il reste un peu de soupe, c’est pour toi. (Il coupe le rôti.) Ça du rôti ! Ça n’est pas du rôti
Qu’est-ce donc que c’est ?
Le diable le sait, mais je vois bien que ce n’est pas du rôti. C’est une savate brûlée au lieu de rôti. (Il mange.) Canaille ! drôles ! voilà comme ils vous nourrissent. On s’abîme la mâchoire à en manger une bou-