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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

mure à un sien écuyer, à qui cet honneur valut d’être criblé de vingt coups de pistolet.

Branthôme était encore dans l’état-major de François de Guise en 1563, au siége d’Orléans, où il vit arriver au my-diner son ancienne connaissance de Genève, Poltrot de Méré, quelques jours avant qu’il fît son coup. Le duc traitait Poltrot avec faveur, comme un déserteur de quelque importance ; ce jour-là, il le fit asseoir et manger avec lui. Nous devons à Branthôme la connaissance de plusieurs faits intéressants sur les derniers moments de François de Guise. Tout fanatique qu’il était, Poltrot n’ambitionnait pas de mourir pour « la cause, » et attendait l’occasion de trouver sa victime seule ou mal accompagnée. Or, le duc, après une reconnaissance, voulant retourner à son quartier général, à Olivet, passa le Loiret dans un petit bateau, avec trois ou quatre serviteurs seulement, n’ayant pas voulu qu’on dépensât quatre ou cinq cents écus à refaire le pont sur la rivière, qui aurait permis à son escorte de passer avec lui. « Espargnons, disait-il, l’argent de notre roy ; il en a assez de besoing ailleurs…, car un chascun le mange et le pille de tous côtés. » Cette honorable parcimonie le livra à son assassin. Mortellement blessé et déjà