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BRANTHÔME.

voir de Turcs, mais on en trouvait beaucoup en Hongrie, où tous les ans ils venaient butiner. On annonçait pour cette année une invasion formidable, et l’Allemagne était sous les armes. En arrivant à Venise, pour de là gagner la Hongrie, Branthôme apprit la mort de Soliman, et aussitôt il jugea que les infidèles laisseraient les chrétiens en repos pour quelque temps. Toutes les occasions de faire la guerre lui échappant, il prit le parti de retourner en France. En passant par le Piémont, il alla présenter ses hommages à madame Marguerite de France, duchesse de Savoie, dont il se prétendait un peu parent. Cette princesse, toujours bienveillante pour ses compatriotes, jugea que de sa croisade notre auteur rapportait une bourse assez plate, et lui offrit 500 écus. Branthôme répondit qu’il avait assez d’argent pour achever son voyage, fierté rare pour le temps, et que nous citons avec plaisir, comme une preuve de ses sentiments élevés. À cette époque, peu de gentilshommes, même plus riches que Branthôme, auraient imité son désintéressement.

Toujours tourmenté de l’envie de faire la guerre, Branthôme avait résolu de s’enrôler sous la bannière d’un général qui ne laissait guère chômer ses