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Page:Mérimée - Portraits historiques et littéraires (1874).djvu/250

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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

soldats. Il allait offrir en Flandre ses services au duc d’Albe, lorsque la guerre civile, éclatant en France, vint donner ample satisfaction à son humeur aventureuse. Il obtint du roi la permission de lever deux compagnies d’infanterie. Soit que l’argent lui manquât, soit par tout autre motif, il n’en recruta qu’une seule ; mais il eut soin de faire valoir son titre de commandant de deux compagnies, titre aussi singulier alors qu’aujourd’hui, qui était moins que celui de mestre de camp, c’est-à-dire colonel, mais plus que celui de capitaine. « Il n’en coûte rien, dit le baron de Fæneste, d’appeler les choses par noms honorables. » Après la bataille de Saint-Denis, où Branthôme assista sans avoir grand’chose à faire, car la cavalerie des deux armées fut presque seule engagée, il fut envoyé en Auvergne avec sa compagnie, et prit part à quelques affaires assez chaudes. En 1568 il se trouvait en garnison à Péronne, mécontent de la cour, comme il semble, pour une cause qu’il n’a pas voulu nous faire connaître. Probablement les protestants en furent informés, et lui dépêchèrent Theligny, gendre de l’amiral, et de longue date ami de Branthôme, dans l’espoir de le débaucher à leur cause. On lui offrait, s’il voulait livrer Péronne, de lui donner le gouvernement de