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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/104

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Zeïn. (Il se met devant la porte.) Non, arrête, Mojana ! (À Hadji Nouman.) Parjure ! lâche ! traître ! infâme parjure, tu ne m’échapperas pas !…

H. Nouman. Malheureux Zeïn, que fais-tu ?

Zeïn. Cette femme est à moi. Que m’importe qu’elle m’aime ou me déteste ? N’ai-je pas dompté plus d’un étalon farouche ? je saurai bien réduire cette pouliche. Mojana, suis ton maître, où je te coupe la tête.

Mojana se jetant dans les bras de Hadji Nouman. Seigneur, mon lion, défends-moi !

H. Nouman. Arrête.

Zeïn. Tire ton sabre.

H. Nouman. Tu ne peux te défendre… ta main tremble…

Zeïn le blessant. Que dis-tu de ce coup-là ?

H. Nouman le frappant. Et toi de celui-ci…

Zeïn renversé. Réjouis-toi, Cordouan, tu as renversé le héros de l’Yémen.

H. Nouman. Malheureux ! j’ai tué celui qui m’a sauvé la vie !

Zeïn. Et moi, j’ai combattu contre mon hôte ! moi, scheick des Humeïdas les hospitaliers ! Allah ! Allah ! tu es juste !

H. Nouman. Et moi, quels tourments ne mérité-je pas ! je me suis parjuré par la Caaba la prohibée, et j’ai tué mon ami.

Mojana. Seigneur !…

H. Nouman. Misérable ! c’est toi qui l’as tué. Tu n’es pas une femme, tu es quelque Afrite 16… Éblis lui-même.

Zeïn. Éblis… il m’attend !… Adieu, frère… Abjer… ne l’oublie pas… Il y a une négresse de Dongola qui est grosse de moi… (Il meurt.)

H. Nouman. Mon frère ! Zeïn, Zeïn !

Mojana. Seigneur, permets à ton esclave…

H. Nouman lui donnant un coup de poignard. Tiens, malheureuse ! c’est le sang de Zeïn qui se mêle au tien… Allons, Zeïn, nous restons amis. Cette femme est morte… Zeïn ? Zeïn ?… Tu ne réponds pas, frère ?

B. Mustafa entrant. Seigneur, le souper est prêt et la pièce finie.

H. Nouman. Ah ! cela est différent. (Tous se relèvent.)