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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/117

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temps-ci ; tous les soldats licenciés s’en mêlent ; mais moi je ne les crains pas. L’autre jour, j’en ai fait détaler deux que je rencontrai à la brune du côté de Navaja ; j’allais couper du bois, quand voilà qu’un de ces coquins, qui s’était couché à plat ventre… (Il butte contre le cadavre et tombe par terre.) Hai ! messieurs, prenez mon argent, mais ne me tuez pas !

Second paysan. Imbécile ! c’est un homme qui n’en tuera pas d’autres. Vive Jésus ! c’est le capitaine, le fils de notre alcalde !

Premier paysan. Oh ! quel trou il a au milieu de l’estomac !

Second paysan. Tiens, tiens ! vois-tu là-bas un homme qui se sauve ? C’est celui qui l’a assassiné, il n’y a pas de doute. Si nous le ramenons, nous aurons une bonne récompense de l’alcalde.

Premier paysan. Je vais chercher main-forte au village.

Second paysan. Non, reste auprès du cadavre ; moi, je vais faire poursuivre le meurtrier.

Premier paysan. Dépêche-toi, je n’aime pas à rester longtemps auprès d’un mort.


Scène III.

La maison de Mendo.
MENDO seul.

Cette promenade m’était nécessaire, pour me rafraîchir le sang… et me préparer à ce dernier sacrifice… Il faut parler enfin… Insensé que j’étais !… j’ai cru pouvoir lui cacher sa position… sa tête s’est remplie d’idées chimériques qui la rendront malheureuse à jamais… C’est ma faute… L’éducation que je lui ai donnée a nourri ses illusions… J’aurais dû, dès son enfance, la mettre dans un couvent. Elle ne m’aurait pas connu. Elle aurait embrassé la vie religieuse, sans penser qu’il existât une situation plus douce au monde… Aujourd’hui elle s’est livrée à une passion folle, que je ne pourrai chasser de son cœur sans