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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/127

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Le greffier. L’alcalde a ordonné que l*exécution eût lieu sur-le-champ.

Don Esteban souriant. Il me semble qu’il n’est pas autant que vous, seigneur Melchior, attaché aux formes.

Le notaire. Cela est illégal. Je proteste.

Le greffier. Monseigneur ?

Tous sortent.

Scène V.

La place du marché à Monclar. Un échafaud est dressé au milieu.

Entrent don Esteban, alguazils, Mendo, un valet portant sa hache, le curé, le greffier, habitants de Monclar.

Le curé à don Esteban. Adieu, mon fils. Dieu aura pitié de vous. Dans peu vous échapperez aux peines de ce monde.

(Il l’embrasse.)

Le greffier. Seigneur, veuillez souffrir qu’on vous bande les yeux.

Don Esteban. Je saurai voir venir la mort. — Et toi, Mendo… fais ton métier… bien si tu peux. (Il s’agenouille.) Suis-je bien comme cela ?

le valet. Oui, monseigneur. Dieu vous fasse miséricorde !

Tous excepté Mendo. Amen.

Don Esteban au curé. Adieu, mon père !

le valet à Mendo. Vous prenez la hache de la main gauche ?

Mendo. Je ne suis plus bourreau ! (Il se coupe la main droite. Grand tumulte.)

Inès entrant. Arrêtez ! (Montant sur l’échafaud.) Nous mourrons ensemble ! Vous tuerez votre fille avec lui !

Mendo lui montrant son bras mutilé. Puis-je lui faire du mal maintenant ?

Inès. Mon père ! — Esteban !

Le greffier. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Le curé. Qu’on attende le roi !

paysans de Monclar. Mendo, tu es un brave homme, et ce gentilhomme aussi. N’ayez pas peur, nous empêcherons que l’alcade ne vous fasse mourir.

Il montent sur l’échafaud : les uns en chassent les alguazils, pendant que les autres s’empressent autour de Mendo.