Mendo avec embarras. Je suis venu… pour vous faire mes adieux. Je pars…
Don Esteban. Vous partez ? où donc allez-vous ?
Mendo. En Galice… au Ferrol… chez un de mes parents… un frère, que je n’ai pas vu depuis bien des années.
Don Esteban. Ah ! voilà un frère qui vous est venu depuis bien peu de temps. D’où vient que vous ne nous en avez jamais parlé ?
Mendo. Mais… je ne sais…
Don Esteban. Quelque chose vous déplaît ici, et vous détermine à nous quitter.
Mendo. Rien, cher don Esteban… mais il faut que je parte… il le faut…
Don Esteban. Mais encore, la raison ?
Mendo. J’ai des affaires en Galice…
Don Esteban. Vous êtes l’homme aux secrets. Mais je crois avoir deviné celui-ci. Vous avez été piqué de l’impertinence de nos gentillâtres d’hier… vous voulez quitter un pays où vous êtes exposé à de semblables désagréments. Mais restez, mon père, restez, et vous serez satisfait de la vengeance que je prétends en tirer. Je veux les vexer de toutes les manières. Presque tout le pays m’appartient ; je les empêcherai de pêcher, de chasser ; je leur ferai des procès. Comme gouverneur d’Avis et commandant militaire de la province, je leur enverrai des soldats en logement, quand nos troupes marcheront vers le Portugal 3 ; enfin…
Mendo. Et pourquoi vous rendre ainsi malheureux vous-même pour une pure bagatelle ? Laissez ces gens avec leurs préjugés ; je les excuse, et je leur cède. Je leur abandonne le champ de bataille ; la victoire doit rester au plus grand nombre.
Don Esteban. Non, de par le diable ! vous ne nous quitterez pas, maintenant que je sais vos véritables motifs. Jamais on ne dira qu’un Mendoza se soit soumis aux caprices de qui que ce soit. Vous resterez avec moi, dussé-je voir toute l’Estramadure en armes marcher contre ce château pour vous en chasser.
Mendo. Écoutez-moi, don Esteban ; vous avez vu combien j’étais d’abord éloigné de ce mariage. Quand bien même je