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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/14

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nement anglais à l’insu du prince de Ponte-Corvo, aujourd’hui roi de Suède, commandant en chef de l’armée française. Il y parvint au moyen du capitaine de vaisseau don Rafael Lobo, qui faisait partie de l’escadre anglaise dans la Baltique, et il fit embarquer secrètement toutes ses troupes, ne laissant que quelques centaines d’hommes en Zélande et en Jutland, lesquels furent bientôt entourés et désarmés par les troupes danoises.

« De retour en Espagne, le marquis de La Romana se joignit aux insurgés. Ses talents et son courage ne purent éviter à son parti de nombreuses défaites. Celle d’Espinosa fut des plus désastreuses. Néanmoins il ne perdit pas courage. Vers la fin de 1808, il rallia les corps dispersés dans le royaume de Léon, et en forma l’armée de gauche. Au commencement de 1809, il eut une affaire très-vive avec un des corps français qui poursuivaient l’armée anglaise, alors en pleine retraite. Il disputa le terrain avec la plus grande valeur, mais il perdit ses meilleures troupes. Les Anglais parvinrent enfin à se rembarquer ; le marquis de La Romana se replia sur la province d’Orense, où il prit position, ce qui lui permit d’entraver les opérations de l’armée française en la harcelant journellement dans sa marche. C’est en suivant ce système qu’il s’empara de Villa-Franca et passa dans les Asturies, où il continua le même genre d’attaques. La province de Valence le nomma membre de la junte de Séville. Il quitta alors son commandement militaire, et se rendit à sa nouvelle destination. Son expérience et ses lumières furent justement appréciées par ses collègues, et il contribua puissamment à toutes les mesures importantes qui furent prises à cette époque. En 1810, par suite de l’entrée des Français en Andalousie et du départ de Séville de la junte, il alla prendre le commandement de l’armée stationnée sur les bords de la Guadiana, puis fit sa jonction avec le duc de Wellington, lorsque ce général se retira dans les lignes de Torres-Vedras.

« La Romana défendit ensuite avec le général Hill la rive gauche du Tage, dont le maréchal Masséna, malgré ses habiles manœuvres, ne put s’emparer. Sa santé s’était beaucoup affaiblie par les fatigues de la guerre, et il mourut à Cartaxo, en Portugal, le 28 janvier 1811.

« Ses compatriotes et les Français eux-mêmes rendaient justice à sa bravoure, à ses talents et à sa loyauté. Les premiers l’ont placé au rang de leurs généraux modernes les plus distingués. »

(Biographie nouvelle des Contemporains.)