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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/161

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d’abord qu’on en pourrait faire quelque chose ; mais il a les idées trop étroites pour devenir jamais le compagnon de Sérafine. — Parfois il me fait pitié… mais, si l’on faisait attention à ces êtres faibles, on manquerait ses nobles projets.

Olivarès ! tu m’as chassée de Madrid. Je vais entrer dans Lisbonne en triomphe ! Oh ! maintenant je puis m’abandonner à toute mon ambition. Je ne vois pas encore les bornes de mon pouvoir naissant. — (L’horloge sonne.) Si tard !… il devrait être ici !

Don César entrant. Le voici.

La duchesse. Entrez, César, Pompée est éloigné.

Don César. Ma reine admire ma ponctualité. J’arrive d’Avis au galop ; et, sans me donner le temps de respirer, j’accours vous enlever.

La duchesse. Notre homme s’inquiète beaucoup de la garnison espagnole d’Avis.

Don César. Il a raison, vive Dieu ! Que je ne sois pas chevalier si les paysans de l’Alentejo et du Beira en laissent rentrer un seul en Espagne !

La duchesse. Voilà qui est affreux, don César ! — Prenez-moi ce voile. — Les chevaux sont-ils à la voiture ?

Don César. Oui, ma toute charmante.

La duchesse. Eh bien ! partons. Donnez-moi la main.

Ils sortent.

Scène IV.

La chambre de Sérafine à Elvas.
Entre DON ESTEBAN seul.

La fatigue du corps ne repose pas la tête… — Toujours elle est devant mes yeux… Ah ! qu’elle doit souffrir en ce moment !… Pauvre malheureuse !… qu’avait-elle fait ?… Sérafine ! (Il appelle.) Sérafine ! doña Sérafine ! Il sort et rentre d’un air agité.) Que veut dire ceci ? où peut-elle être allée ? — Ah ! qu’est-ce que cela ? (Il prend une lettre et lit l’adresse.) « Aux mains du baron de Mendoza. » C’est son écriture,